* Mécanisme d'action
Le céritinib est un inhibiteur oral puissant et hautement sélectif de la kinase ALK. In vitro et in vivo, le céritinib inhibe l'autophosphorylation d'ALK, la phosphorylation ALK-dépendante des protéines de signalisation et la prolifération des cellules cancéreuses ALK-dépendantes.
La translocation du gène ALK détermine l'expression de la protéine de fusion et l'altération de la voie de signalisation d'ALK qui en résultent dans le CBNPC. Dans la majorité des cas de CBNPC, EML4 est le partenaire de translocation d'ALK. Cela donne naissance à la protéine de fusion EML4-ALK dans laquelle le domaine protéine kinase d'ALK est fusionné avec l'extrémité N-terminale d'EML4. L'efficacité du céritinib contre l'activité kinase EML4-ALK a été démontrée dans une lignée cellulaire du CBNPC (H2228) : le céritinib a entraîné l'inhibition de la prolifération cellulaire in vitro et une régression tumorale dans les xénogreffes dérivées de la lignée cellulaire H2228 chez la souris et le rat.
* Pharmacodynamie
Il a été démontré que l'inhibition par le céritinib de l'activité ALK-kinase et des voies de signalisation induites par ALK dans les lignées cellulaires Karpas 299 (lymphome) et H2228 (cancer du poumon) était dose-dépendante. L'effet inhibiteur du céritinib a entraîné l'inhibition de la prolifération des cellules cancéreuses in vitro et la régression tumorale in vivo dans les modèles de xénogreffe chez la souris et le rat. Le céritinib s'est montré environ 20 fois plus puissant que le crizotinib dans les tests d'inhibition enzymatique de l'activité kinase ALK (la CI50 pour l'inhibition d'ALK est de 0,15 nanomolaire pour le céritinib, et de 3 nanomolaires pour le crizotinib). Dans un panel de kinases de 36 enzymes, le céritinib n'a inhibé que deux autres kinases, avec une puissance d'inhibition d'ALK environ 50 fois inférieure. Pour toutes les autres kinases du panel, le céritinib s'est révélé plus de 500 fois moins puissant que pour ALK, ce qui démontre son degré élevé de sélectivité. Une étude de pharmacodynamie avec administration d'une dose unique et une étude d'efficacité avec administration de doses quotidiennes multiples ont été réalisées sur des modèles tumoraux de lymphome à lignée cellulaire Karpas 299 et de cancer du poumon à lignée cellulaire H2228. Ces études ont indiqué qu'une inhibition de 60 % à 80 % de la voie de signalisation ALK pourrait être nécessaire pour obtenir une régression tumorale.
* Etudes cliniques
L'utilisation de céritinib dans le traitement du CBNPC ALK-positif a été évaluée lors d'une étude multicentrique en ouvert qui comprenait une phase d'escalade de dose et une phase d'expansion à la dose recommandée de 750 mg. Tous les patients inclus dans l'étude étaient atteints d'un cancer avec réarrangement du gêne ALK, localement avancé ou métastatique ayant progressé malgré l'administration d'un traitement de référence. Les patients présentant des métastases cérébrales contrôlées ou asymptomatiques pouvaient participer à l'étude. L'administration préalable d'un inhibiteur d'ALK était autorisée. Parmi les 304 patients inclus dans l'étude, 290 étaient atteints de CBNPC ALK-positif. Au moment du gel de base de données (02.08.2013), 246 patients inclus atteints d'un CBNPC ALK-positif recevaient céritinib à la dose de 750 mg : 163 d'entre eux avaient préalablement été traités par un inhibiteur d'ALK, et 83 n'avaient jamais reçu d'inhibiteur d'ALK.
L'analyse primaire a reposé sur le taux de réponse globale (TRG) et la durée de la réponse (DDR) évalués par les investigateurs et par un comité indépendant, selon les critères RECIST 1.0 (Response Evaluation Criteria in Solid Tumors) pour les patients ayant reçu la première dose de céritinib au moins 18 semaines avant le gel de la base de données et traités à la dose de 750 mg. D'autres analyses ont inclus la survie sans progression (SSP) évaluée par les investigateurs.
L'âge médian des 246 patients présentant un CBNPC ALK-positif et traités à la dose de 750 mg dans le cadre de l'étude d'enregistrement était de 53 ans (valeurs extrêmes : 22-80 ans) et 84,1 % des patients avaient moins de 65 ans. 53,7 % des patients étaient des femmes. L'origine ethnique des patients de l'étude était : caucasienne (63,4 %), asiatique (33,3 %), africaine (1,6 %) et autre (1,6 %). La plupart des patients étaient atteints d'un adénocarcinome (92,7 %) et n'avaient jamais fumé ou étaient d'anciens fumeurs (97,6 %). Plus de deux tiers (67,5 %) des patients avaient reçu deux traitements ou plus avant d'être inclus dans l'étude, 26,0 % avaient reçu un traitement préalable et 6,5 % aucun.
La réponse a été évaluable chez 180 des 246 patients atteints d'un CBNPC ALK-positif ayant reçu la première dose de céritinib au minimum 18 semaines avant le gel de la base de données et traités à la dose de 750 mg. Cent-huit de ces 180 patients (60,0 % ; IC à 95 % : 52,4 - 67,2) ont eu une réponse tumorale, confirmée au moins 4 semaines après l'évaluation initiale (Cf. donées ci-dessous). Le temps médian jusqu'à la première réponse tumorale objective (réponse complète [RC] ou réponse partielle [RC]) confirmée par la suite était de 6,1 semaines. La DDR médiane observée chez les patients ayant répondu était de 9,69 mois (IC à 95 % : 6,93 - 11,40). La SSP médiane était de 6,97 mois (IC à 95 % : 6,21 - 10,12). L'administration préalable d'un inhibiteur d'ALK n'a pas eu d'incidence sur la réponse à céritinib. Chez les patients préalablement traités par un inhibiteur d'ALK, le taux de réponse était de 55,4 % (IC à 95 % : 46,1 - 64,4). Chez les patients naïfs de tout traitement inhibiteur d'ALK, ce taux était de 69,5 % (IC à 95 % : 56,1 - 80,8).
163 patients avec CBNPC ALK+ avaient reçu préalablement du crizotinib.
Taux de réponse globale et durée de la réponse (1) chez les patients CBNPC ALK-positif ayant reçu crizotinib dans l'étude
- Paramètre d'efficacité : Taux de réponse globale (IC à 95%)
. Evaluation par l'investigateur (N=163) : 54,6% (47, 62)
. Evaluation par le comité de surveillance indépendant (BIRC) (N=163) : 43,6% (36, 52)
- Paramètre d'efficacité : RC
. Evaluation par l'investigateur (N=163) : 1,2%
. Evaluation par le comité de surveillance indépendant (BIRC) (N=163) : 2,5%
- Paramètre d'efficacité : RP
. Evaluation par l'investigateur (N=163) : 53,4%
. Evaluation par le comité de surveillance indépendant (BIRC) (N=163) : 41,1%
- Paramètre d'efficacité : Durée de la réponse, médiane (mois) (IC à 95%)
. Evaluation par l'investigateur (N=163) : 7,4 (5,4 ; 10,1)
. Evaluation par le comité de surveillance indépendant (BIRC) (N=163) : 7,1 (5,6 ; NE)
(1) Taux de réponse globale et durée de la réponse évaluée selon RECIST v1.0
BIRC, blinded independent review committee; RC: réponse complète; NE : non estimable; RP : réponse partielle.
L'analyse du comité de surveillance indépendant (BIRC) était similaire à l'analyse des investigateurs.
Des mesures de la tumeur réalisées après l'entrée dans l'étude étaient disponibles pour 169 patients présentant une tumeur mesurable à l'inclusion, sur les 180 patients chez lesquelles la réponse a pu être évaluée. Un graphique en cascade représentant la réduction maximale de la somme des plus grands diamètres tumoraux par rapport aux valeurs de référence montre que la plupart des patients traités par céritinib ont présenté une diminution de la charge tumorale (Cf. figure ci-dessous).
Figure : Meilleure évolution, en pourcentage par rapport à l'inclusion, de la somme des plus grands diamètres tumoraux, évaluée par les investigateurs, chez les patients présentant un CBNPC ALK-positif traités par céritinib à la dose de 750 mg, selon qu'ils avaient ou non préalablement reçu un inhibiteur d'ALK (Cf. RCP)
Des analyses de sous-groupe du TRG en fonction de la région, de l'âge, du sexe, de l'origine ethnique, de la présence ou non de métastases cérébrales à l'inclusion et de la charge tumorale à l'inclusion n'ont mis en évidence aucune différence significative du TRG (c.-à-d. toutes les différences obtenues lors des estimations ponctuelles étaient < ou = 15 % et les IC à 95 % se chevauchaient). Le TRG était de 65,9 % chez les patients sans métastase cérébrale à l'inclusion et de 54,7 % chez les patients présentant des métastases cérébrales à l'inclusion. Une analyse en fonction de l'indice de performance ECOG a montré une plus grande variation du TRG : 73,5 % chez les patients ayant un indice ECOG de 0 et 55,0 % chez les patients ayant un indice ECOG > ou = 1, mais là encore les IC à 95 % de ces deux sous-groupes se chevauchent.
Une étude clinique menée avec céritinib a inclus 11 patients atteints d'un CBNPC ALK-positif et présentant des métastases cérébrales mesurables évaluées par l'investigateur à l'entrée dans l'étude. Le taux de réponse intracrânienne globale, tel qu'évaluée par les investigateurs, était de 45,5 % (IC à 95 % : 16,7 - 76,6), chez un patient une réponse complète des métastases cérébrales a été observée, 4 patients ont eu une réponse partielle confirmée des métastases cérébrales et chez 3 patients la maladie s'est stabilisée.