Classe pharmacothérapeutique : non encore attribuée, code ATC : non encore attribué
* Mécanisme d'action
On sait que le cancer de la prostate est sensible aux androgènes et qu'il répond à l'inhibition du signal des récepteurs des androgènes. Malgré des concentrations faibles voire non détectables d'androgènes sériques, la voie de signalisation des récepteurs aux androgènes continue à favoriser la progression de la maladie. La stimulation de la croissance des cellules tumorales via les récepteurs des androgènes nécessite une translocation nucléaire et une liaison à l'ADN. L'enzalutamide est un inhibiteur puissant de la voie de signalisation des récepteurs aux androgènes, qui en bloque plusieurs étapes. L'enzalutamide inhibe de manière compétitive la liaison des androgènes à leurs récepteurs, il inhibe la translocation nucléaire des récepteurs activés et inhibe leur fixation sur l'ADN, même en cas de surexpression des récepteurs aux androgènes et dans les cellules prostatiques cancéreuses résistantes aux anti-androgènes. Le traitement par l'enzalutamide ralentit la croissance des cellules prostatiques cancéreuses et peut induire leur apoptose ainsi qu'une régression tumorale. Dans les études précliniques, l'enzalutamide n'a pas montré d'activité agoniste sur les récepteurs aux androgènes.
* Effets pharmacodynamiques
Dans le cadre d'une étude clinique de phase 3, menée chez des patients chez lesquels une chimiothérapie préalable au docétaxel avait échoué, 54% des patients traités avec l'enzalutamide ont présenté une diminution d'au moins 50% des taux de PSA par rapport à la valeur initiale, contre 1,5% des patients ayant reçu le placebo.
* Efficacité et sécurité clinique
L'efficacité et la sécurité de l'enzalutamide ont été évaluées chez des patients atteints de cancer de la prostate métastatique résistant à la castration, ayant reçu du docétaxel et qui étaient traités par un analogue de la GnRH ou qui avaient subi une orchidectomie, dans le cadre d'une étude clinique de phase 3 multicentrique, randomisée, contrôlée versus placebo.
Un total de 1199 patients ont été randomisés selon un rapport 2:1 et recevaient soit l'enzalutamide par voie orale à une dose de 160 mg une fois par jour (N=800), soit un placebo une fois par jour (N=399).
Les patients pouvaient prendre de la prednisone, si besoin.
Les patients étaient traités dans les 2 bras de l'étude jusqu'à la progression de la maladie (définie par une progression radiographique confirmée ou par l'apparition d'un événement osseux), jusqu'à l'instauration d'un nouveau traitement systémique antinéoplasique, jusqu'à l'apparition d'une toxicité inacceptable ou jusqu'à la décision d'interrompre le traitement.
Les caractéristiques démographiques et pathologiques initiales suivantes des patients étaient bien équilibrées entre les deux bras de traitement. L'âge médian était de 69 ans (intervalle de 41-92 ans) et la distribution par appartenance ethnique était de 92,7% de Caucasiens, 3,9% de sujets d'origine ethnique noire, 1,1% de sujets d'origine ethnique asiatique et 2,1% de sujets d'autres groupes ethniques. L'indice de performance à l'échelle ECOG était de 0-1 chez 91,5% des patients et de 2 chez 8,5% des patients ; 28,4% présentaient un score au Questionnaire concis sur la douleur (Brief Pain Inventory) > ou = 4 (moyenne des pires douleurs rapportées par le patient au cours des dernières 24 heures calculée pendant les sept jours précédant la randomisation). La majorité (91,2%) des patients présentaient des métastases osseuses et 23,2% montraient une atteinte viscérale pulmonaire et/ou hépatique.
L'analyse intermédiaire prédéfinie dans le protocole après 520 décès a montré une supériorité statistiquement significative de la médiane de survie globale chez les patients traités avec l'enzalutamide par rapport à ceux traités avec le placebo (Cf. données ci-dessous).
Survie globale des patients traités par l'enzalutamide ou sous placebo (Analyse en intention de traiter)
enzalutamide (N=800)
. Décès (%) : 308 (38,5%)
. Survie médiane (mois) (IC à 95%) : 18,4 (17,3 ; Non atteint)
. p (a) : < 0,0001
. Risque relatif (IC à 95%) : 0,631 (0,529 ; 0,752)
placebo (N=399)
. Décès (%) : 212 (53,1%)
. Survie médiane (mois) (IC à 95%) : 13,6 (11,3 ; 15,8)
. p (a) : < 0,0001
. Risque relatif (IC à 95%) : 0,631 (0,529 ; 0,752)
(a) La valeur de p est dérivée d'un test du log-rank stratifié selon le statut de score de performance ECOG (0-1 versus 2) et selon le score moyen de douleur (< 4 versus > ou = 4)
(b) Le risque relatif est dérivé d'un modèle à risques proportionnels stratifié ; un risque relatif < 1 est en faveur de l'enzalutamide
Figure 1 : Courbes de survie globale de Kaplan-Meier (Analyse en intention de traiter) (Cf. RCP)
L'analyse de survie en sous-groupes a montré un avantage de survie constant pour le traitement avec
l'enzalutamide (Cf. Figure 2)
Figure 2 : Survie globale par sous-groupe – Hazard Ratio et intervalle de confiance à 95% (Cf. RCP)
Outre l'amélioration observée au niveau de la survie globale, les critères d'évaluation secondaires de l'étude, décrits ci-dessous, étaient en faveur de l'enzalutamide et étaient statistiquement significatifs après ajustement en analyse multivariée :
La survie sans progression radiographique était de 8,3 mois pour les patients traités par l'enzalutamide et de 2,9 mois pour les patients sous placebo (RR = 0,404 ; IC à 95% : [0,350 – 0,466]) ; p < 0,0001).
Les diminutions confirmées du taux de PSA de 50% ou de 90% étaient de 54,0% et 24,8% chez les patients traités par l'enzalutamide et de 1,5% et 0,9% chez les patients sous placebo (p < 0,0001). Le temps médian jusqu'à progression du taux de PSA était de 8,3 mois pour les patients traités par l'enzalutamide et de 3,0 mois pour les patients sous placebo (RR = 0,248 ; IC à 95% : [0,204 ; 0,303] ; p < 0,0001).
Le délai médian jusqu'au premier événement osseux ("skeletal-related event", SRE) était de 16,7 mois pour les patients traités par l'enzalutamide et de 13,3 mois pour les patients sous placebo (RR = 0,688 ; IC à 95% : [0,566 ; 0,835] ; p < 0,0001). Un événement osseux était défini comme une radiothérapie ou une chirurgie osseuse, une fracture osseuse pathologique, une compression médullaire ou une modification du traitement antinéoplasique pour traiter les douleurs osseuses.
Le taux de réponse en termes de qualité de vie (Évaluation fonctionnelle du traitement anticancéreux -
Prostate ; FACT-P pour "Functional Assessment of Cancer Therapy - Prostate") était de 43,2% pour les patients traités par l'enzalutamide de 18,3% pour les patients sous placebo (p < 0,0001).
Le taux de réponse radiographique objective, évaluée par l'investigateur (définie comme la somme des réponses partielles et complètes) pour les patients traités par l'enzalutamide était de 28,9% contre un taux de réponse objective de 3,8% pour les patients sous placebo (p < 0,0001).
Le risque de progression de la douleur était réduit de 44% pour les patients traités par l'enzalutamide par rapport aux patients sous placebo (RR = 0,56 ; IC à 95% : [0,41 ; 0,78] ; p = 0,0004). Le temps médian jusqu'à progression de la douleur était de 13,8 mois pour les patients sous placebo et non atteint pour les patients traités par l'enzalutamide. La progression de la douleur était définie par une augmentation de la douleur audessus de la valeur initiale (évaluée par le questionnaire FACT-P), cette augmentation étant confirmée par une deuxième évaluation, effectuée dans les 3 semaines ou plus.
La diminution de la mortalité globale a été obtenue alors que la proportion de patients ayant reçu une chimiothérapie ultérieure était supérieure dans le groupe placebo (61.4 % vs. 42%) : abiraterone [24.3% vs. 20.9%], cabazitaxel [13.8% vs. 9.8%], - docetaxel [14.3% vs. 8.5%], mitoxantrone [8.0% vs. 2.6%], et mitoxantrone hydrochloride [3.0% vs. 0.0% ].
Il n'y a pas de données chez les patients traités antérieurement par abiratérone (critère d'exclusion) et patients avaient reçu un traitement antérieur cabazitaxeldans l'étude AFFIRM.
* Population pédiatrique
L'Agence européenne des médicaments a accordé une dérogation à l'obligation de soumettre les résultats d'études réalisées avec l'enzalutamide dans tous les sous-groupes de la population pédiatrique, dans le cancer de la prostate (Cf. rubrique "Posologie").