Classe pharmacothérapeutique : Antiviraux à usage systémique, (inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse), Code ATC : J05AG01.
* Mécanisme d'action
La névirapine est un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (INNTI) du VIH-1. La névirapine est un inhibiteur non compétitif de la transcriptase inverse du VIH-1, mais n'a aucun effet inhibiteur biologiquement significatif sur la transcriptase inverse du VIH-2 ou sur les ADN-polymérases alpha, bêta, gamma ou delta des eucaryotes.
* Activité antivirale in vitro
La valeur médiane de la concentration inhibitrice à 50 % (CE50) de la névirapine a été de 63 nM contre un ensemble d'isolats du VIH-1 du groupe M, de sous-types A, B, C, D, F, G et H, et de formes recombinantes circulantes (circulating recombinant forms, CRF) CRF01 AE, CRF02-AG et CRF12-BF se répliquant dans des cellules humaines embryonnaires de rein 293. Dans un ensemble de 2923 isolats cliniques du VIH-1 principalement de sous-type B, la valeur moyenne de la CE50 a été de 90 nM. Des valeurs similaires de la CE50 sont obtenues lorsque l'activité antivirale de la névirapine est mesurée dans des cellules mononuclées du sang périphérique, des macrophages dérivés de monocytes ou une lignée cellulaire lymphoblastoïde. La névirapine n'a aucune activité antivirale en culture cellulaire contre des isolats de VIH-1 de groupe O ou des isolats du VIH-2.
La névirapine en association avec l'éfavirenz a montré une forte activité antagoniste contre le VIH-1 in vitro (Cf. rubrique "Interactions") et a montré des effets additifs à antagonistes avec l'inhibiteur de protéase ritonavir ou avec l'inhibiteur de fusion enfuvirtide. La névirapine en association avec les inhibiteurs de protéase amprénavir, atazanavir, indinavir, lopinavir, nelfinavir, saquinavir et tipranavir, et avec les inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse abacavir, didanosine, emtricitabine, lamivudine, stavudine, ténofovir et zidovudine a montré une activité contre le VIH-1 additive à synergique.
L'activité in vitro anti-VIH-1 de la névirapine a été antagonisée par l'adéfovir, médicament contre le virus de l'hépatite B, et par la ribavirine, médicament contre le virus de l'hépatite C.
* Résistances
Des isolats du VIH-1 présentant une sensibilité réduite (de 100 à 250 fois) à la névirapine émergent dans des cultures cellulaires. L'analyse génotypique a montré l'existence des mutations Y181C et/ou V106A sur le gène de la transcriptase inverse du VIH-1 en fonction de la souche virale et de la lignée cellulaire utilisées. Le délai d'apparition d'une résistance à la névirapine dans les cultures cellulaires n'a pas été modifié lorsque la névirapine a été utilisée en association avec plusieurs autres INNTI.
L'analyse génotypique des isolats provenant de patients naïfs de traitement antirétroviral présentant un échec virologique (n = 71) recevant la névirapine une fois par jour (n = 25) ou deux fois par jour (n = 46) en association avec la lamivudine et la stavudine pendant 48 semaines a montré que les isolats provenant respectivement de 8 patients sur 25 et de 23 patients sur 46 contenaient au moins l'une des substitutions associées à une résistance aux INNTI suivantes : Y181C, K101E, G190A/S, K103N, V106A/M, V108I, Y188C/L, A98G, F227L et M230L.
Une analyse génotypique a été effectuée sur des isolats provenant de 86 patients naïfs de traitements antirétroviraux ayant interrompu l'étude VERxVE (1100.1486) après avoir présenté un échec virologique (rebond, réponse partielle), ou à la suite d'un événement indésirable ou ayant présenté une augmentation transitoire de la charge virale au cours de l'étude. L'analyse de ces échantillons de patients traités par névirapine à libération immédiate deux fois par jour ou névirapine à libération prolongée une fois par jour, en association avec le ténofovir et l'emtricitabine, a montré que les isolats provenant de 50 patients contenaient des mutations de résistance attendues avec un schéma thérapeutique à base de névirapine. Parmi ces 50 patients, 28 ont développé une résistance à l'éfavirenz et 39 ont développé une résistance à l'étravirine (la mutation de résistance apparaissant le plus fréquemment étant Y181C). Aucune différence n'a été observée sur la base de la formulation administrée (libération immédiate deux fois par jour ou libération prolongée une fois par jour).
Les mutations observées lors de l'échec ont été celles attendues avec un schéma posologique à base de névirapine. Deux nouvelles substitutions sur des codons précédemment associés à une résistance à la névirapine ont été observées : un patient avec la mutation Y181I dans le groupe névirapine à libération prolongée et un patient avec la mutation Y188N dans le groupe névirapine à libération immédiate ; la résistance à la névirapine a été confirmée par le phénotype.
* Résistances croisées
L'émergence rapide de souches du VIH présentant une résistance croisée aux INNTI a été observée in vitro. Une résistance croisée avec la délavirdine et l'éfavirenz est attendue an cas d'echec virologique avec la névirapine. En fonction des résultats des tests de résistance, un traitement contenant l'étravirine pourrait être utilisé par la suite. Une résistance croisée entre la névirapine et les inhibiteurs de la protéase, les inhibiteurs de l'intégrase ou les inhibiteurs d'entrée est improbable dans la mesure où les cibles enzymatiques impliquées sont différentes. De même, le risque d'une résistance croisée entre la névirapine et les INTI est faible dans la mesure où les molécules ont des sites de liaison différents sur la transcriptase inverse.
* Résultats cliniques
Ce médicament a été évalué pour le traitement des patients naïfs et pour celui des patients préalablement traités par des antirétroviraux.
* Etudes cliniques avec les comprimés à libération prolongée
L'efficacité clinique de la névirapine à libération prolongée est basée sur les données à 48 semaines d'une étude en cours, randomisée, en double aveugle, double placebo de phase 3 (VERxVE - étude 1100.1486) menée chez des patients naïfs de traitement, et sur les données à 24 semaines d'une étude en cours, ouverte, randomisée effectuée chez des patients ayant remplacé la névirapine comprimés à libération immédiate administré deux fois par jour par la névirapine comprimés à libération prolongée administré une fois par jour (TRANxITION - étude 1100.1526).
Patients naïfs de traitement
L'étude VERxVE (étude 1100.1486) est une étude de phase 3 dans laquelle des patients naïfs de traitement ont reçu de la névirapine 200 mg à libération immédiate une fois par jour pendant 14 jours, puis ont été randomisés pour recevoir soit de la névirapine 200 mg à libération immédiate deux fois par jour, soit de la névirapine 400 mg à libération prolongée une fois par jour. Tous les patients ont reçu l'association ténofovir + emtricitabine en traitement de fond. La randomisation a été stratifiée selon le taux d'ARN du VIH-1 à la sélection (< ou = 100000 copies/ml et > 100000 copies/ml). Un certain nombre de caractéristiques démographiques et pathologiques initiales sont présentées ci-dessous.
Caractéristiques démographiques et pathologiques initiales dans l'étude 1100.1486.
n
Névirapine à libération immédiate : n = 508 (*)
Névirapine à libération prolongée : n = 505
. Sexe
Homme
Névirapine à libération immédiate : 85 %
Névirapine à libération prolongée : 85 %
Femme
Névirapine à libération immédiate : 15 %
Névirapine à libération prolongée : 15 %
. Race
Blanche
Névirapine à libération immédiate : 74 %
Névirapine à libération prolongée : 77 %
Noire
Névirapine à libération immédiate : 22 %
Névirapine à libération prolongée : 19 %
Asiatique
Névirapine à libération immédiate : 3 %
Névirapine à libération prolongée : 3 %
Autre (**)
Névirapine à libération immédiate : 1 %
Névirapine à libération prolongée : 2 %
. Région
Amérique du Nord
Névirapine à libération immédiate : 30 %
Névirapine à libération prolongée : 28 %
Europe
Névirapine à libération immédiate : 50 %
Névirapine à libération prolongée : 51 %
Amérique latine
Névirapine à libération immédiate : 10 %
Névirapine à libération prolongée : 12 %
Afrique
Névirapine à libération immédiate : 11 %
Névirapine à libération prolongée : 10 %
. Concentration plasmatique initiale de l'ARN du VIH-1 (log10 copies/ml)
Moyenne (SD)
Névirapine à libération immédiate : 4,7 (0,6)
Névirapine à libération prolongée : 4,7 (0,7)
< ou = 100000
Névirapine à libération immédiate : 66 %
Névirapine à libération prolongée : 67 %
> 100000
Névirapine à libération immédiate : 34 %
Névirapine à libération prolongée : 33 %
. Taux initial des CD4 (cellules/mm3)
Moyenne (SD)
Névirapine à libération immédiate : 228 (86)
Névirapine à libération prolongée : 230 (81)
. Sous-type de VIH-1
B
Névirapine à libération immédiate : 71 %
Névirapine à libération prolongée : 75 %
Non-B
Névirapine à libération immédiate : 29 %
Névirapine à libération prolongée : 24 %
(*) Dont 2 patients ayant été randomisés mais n'ayant jamais reçu les médicaments à l'étude.
(**) Dont Indiens d'Amérique/natifs d'Alaska et Hawaïens/autochtones des îles pacifiques.
Les données suivantes décrivent les résultats à la semaine 48 de l'étude VERxVE (1100.1486). Ces résultats comprennent ceux de l'ensemble des patients randomisés après la période d'initiation du traitement de 14 jours avec la névirapine à libération immédiate et ayant reçu au moins une dose de médicament en aveugle.
Résultats à la semaine 48 de l'étude 1100.1486 (*)
n
Névirapine à libération immédiate : n = 506
Névirapine à libération prolongée : n = 505
. Répondeur virologique (ARN du VIH-1 < 50 copies/ml)
Névirapine à libération immédiate : 75,9 %
Névirapine à libération prolongée : 81,0 %
. Echec virologique
Névirapine à libération immédiate : 5,9 %
Névirapine à libération prolongée : 3,2 %
Absence de suppression jusqu'à la semaine 48
Névirapine à libération immédiate : 2,6 %
Névirapine à libération prolongée : 1,0 %
Rebond
Névirapine à libération immédiate : 3,4 %
Névirapine à libération prolongée : 2,2 %
. Arrêt du traitement avant la semaine 48
Névirapine à libération immédiate : 18,2 %
Névirapine à libération prolongée : 15,8 %
Décès
Névirapine à libération immédiate : 0,6 %
Névirapine à libération prolongée : 0,2 %
Evénements indésirables
Névirapine à libération immédiate : 8,3 %
Névirapine à libération prolongée : 6,3 %
Autre (**)
Névirapine à libération immédiate : 9,3 %
Névirapine à libération prolongée : 9,4 %
(*) Dont les patients ayant reçu au moins une dose de médicament en aveugle après la randomisation.
Les patients ayant arrêté le traitement au cours de la période d'initiation ont été exclus.
(**) Dont les cas suivants : perdu de vue, retrait du consentement, non-observance, absence d'efficacité, grossesse et autre.
A la semaine 48, le changement moyen par rapport aux valeurs initiales du taux des lymphocytes CD4 a été respectivement de 184 cellules/mm3 et de 197 cellules/mm3 pour les groupes traités respectivement par névirapine à libération immédiate et névirapine à libération prolongée.
Les données suivantes décrivent les résultats à la semaine 48 de l'étude 1100.1486 (après la randomisation) en fonction de la charge virale initiale.
Résultats à la semaine 48 de l'étude 1100.1486 par rapport à la charge virale initiale (*)
Strate de la charge virale initiale du VIH-1 (copies/ml) < ou = 100000
Nombre de répondeurs/nombre total (%) névirapine à libération immédiate : 240/303 (79,2 %)
Nombre de répondeurs/nombre total (%) névirapine à libération prolongée : 267/311 (85,0 %)
Différence en % (IC à 95 %) : 6,6 (0,7 ; 12,6)
Strate de la charge virale initiale du VIH-1 (copies/ml) > 100000
Nombre de répondeurs/nombre total (%) névirapine à libération immédiate : 144/203 (70,9 %)
Nombre de répondeurs/nombre total (%) névirapine à libération prolongée : 142/194 (73,2 %)
Différence en % (IC à 95 %) : 2,3 (-6,6 ; 11,1)
Total
Nombre de répondeurs/nombre total (%) névirapine à libération immédiate : 384/506 (75,9 %)
Nombre de répondeurs/nombre total (%) névirapine à libération prolongée : 409/505 (81,0 %)
Différence en % (IC à 95 %) : 4,9 (-0,1 ; 10,0) (**)
(*) Dont les patients ayant reçu au moins une dose de médicament en aveugle après la randomisation.
Les patients ayant arrêté le traitement au cours de la phase d'initiation ont été exclus.
(**) Sur la base de tests statistiques de Cochrane avec une correction de continuité pour le calcul de la variance.
Le pourcentage global de répondeurs au traitement observés au cours de l'étude 1100.1486 (y compris la période d'initiation), quelle que soit la formulation, a été de 793/1068 = 74,3 %. Le dénominateur 1 068 comprend 55 patients ayant arrêté le traitement au cours de la période d'initiation et deux patients randomisés n'ayant jamais été traités avec la dose randomisée. Le numérateur 793 est le nombre de patients ayant répondu au traitement à 48 semaines (384 avec la formulation à libération immédiate et 409 avec la formulation à libération prolongée).
Lipides, changement par rapport aux valeurs initiales
Les changements par rapport aux valeurs initiales des concentrations de lipides à jeun sont présentés ci-dessous.
Résumé des valeurs des lipides à l'initiation (sélection) et à la semaine 48 de l'étude 1100.1486
LDL (mg/dl)
Névirapine à libération immédiate : valeur initiale (moyenne) n = 503 : 98,8
Névirapine à libération immédiate : semaine 48 (moyenne) n = 407 : 110,0
Névirapine à libération immédiate : pourcentage de changement (*) n = 406 : +9
Névirapine à libération prolongée : valeur initiale (moyenne) n = 505 : 98,3
Névirapine à libération prolongée : semaine 48 (moyenne) n = 419 : 109,5
Névirapine à libération prolongée : pourcentage de changement (*) n = 419 : +7
HDL (mg/dl)
Névirapine à libération immédiate : valeur initiale (moyenne) n = 503 : 38,8
Névirapine à libération immédiate : semaine 48 (moyenne) n = 407 : 52,2
Névirapine à libération immédiate : pourcentage de changement (*) n = 406 : +32
Névirapine à libération prolongée : valeur initiale (moyenne) n = 505 : 39,0
Névirapine à libération prolongée : semaine 48 (moyenne) n = 419 : 50,0
Névirapine à libération prolongée : pourcentage de changement (*) n = 419 : +27
Cholestérol total (mg/dl)
Névirapine à libération immédiate : valeur initiale (moyenne) n = 503 : 163,8
Névirapine à libération immédiate : semaine 48 (moyenne) n = 407 : 186,5
Névirapine à libération immédiate : pourcentage de changement (*) n = 406 : +13
Névirapine à libération prolongée : valeur initiale (moyenne) n = 505 : 163,2
Névirapine à libération prolongée : semaine 48 (moyenne) n = 419 : 183,8
Névirapine à libération prolongée : pourcentage de changement (*) n = 419 : +11
Cholestérol total/HDL
Névirapine à libération immédiate : valeur initiale (moyenne) n = 503 : 4,4
Névirapine à libération immédiate : semaine 48 (moyenne) n = 407 : 3,8
Névirapine à libération immédiate : pourcentage de changement (*) n = 406 : -14
Névirapine à libération prolongée : valeur initiale (moyenne) n = 505 : 4,4
Névirapine à libération prolongée : semaine 48 (moyenne) n = 419 : 3,9
Névirapine à libération prolongée : pourcentage de changement (*) n = 419 : -12
Triglycérides (mg/dl)
Névirapine à libération immédiate : valeur initiale (moyenne) n = 503 : 131,2
Névirapine à libération immédiate : semaine 48 (moyenne) n = 407 : 124,5
Névirapine à libération immédiate : pourcentage de changement (*) n = 406 : -9
Névirapine à libération prolongée : valeur initiale (moyenne) n = 505 : 132,8
Névirapine à libération prolongée : semaine 48 (moyenne) n = 419 : 127,5
Névirapine à libération prolongée : pourcentage de changement (*) n = 419 : -7
(*) Le pourcentage de changement est la médiane des changements intra-patients par rapport aux valeurs initiales pour les patients disposant de valeurs initiales et à 48 semaines, mais il ne constitue pas une simple différence entre les valeurs initiales et les valeurs moyennes à la semaine 48.
Patients remplaçant la névirapine à libération immédiate par la névirapine à libération prolongée
L'étude TRANxITION (étude 1100.1526) est une étude de phase 3 ayant évalué la tolérance et l'activité antivirale chez des patients remplaçant la névirapine à libération immédiate par la névirapine à libération prolongée. Dans cette étude ouverte, 443 patients déjà traités par une thérapie antivirale contenant de la névirapine 200 mg à libération immédiate deux fois par jour et dont la concentration d'ARN du VIH-1 était < 50 copies/ml ont été randomisés selon un ratio de 2:1 pour recevoir soit de la névirapine 400 mg à libération prolongée une fois par jour, soit de la névirapine 200 mg à libération immédiate deux fois par jour. Environ la moitié des patients recevaient en traitement de fond ténofovir + emtricitabine, les autres recevaient le sulfate d'abacavir + la lamivudine ou la zidovudine + la lamivudine. Environ la moitié des patients avaient été exposés pendant au moins trois ans à la névirapine à libération immédiate avant de commencer l'étude 1100.1526.
24 semaines après la randomisation dans l'étude TRANxITION, respectivement 92,6 % et 93,6 % des patients traités par névirapine 200 mg à libération immédiate deux fois par jour ou névirapine 400 mg à libération prolongée une fois par jour ont continué à présenter une concentration d'ARN du VIH-1 < 50 copies/ml.
* Population pédiatrique
Les résultats d'une analyse à 48 semaines de l'étude BI 1100.1368 conduite en Afrique du Sud ont confirmé que les doses de névirapine de 4/7 mg/kg et de 150 mg/m2 étaient bien tolérées et efficaces pour le traitement de la population pédiatrique naïve de traitement antirétroviral. Une amélioration marquée du taux de CD4 était observée au bout de 48 semaines pour les deux groupes de dose. De plus, les deux doses de traitement ont été efficaces sur la réduction de la charge virale. Au cours de cette étude sur 48 semaines, aucun élément inattendu de tolérance n'a été observé dans les deux groupes.